Pierrefonds Aéroport
Décidé fin 2014, le plan de relance de l’aéroport a commencé à porter ses fruits. Objectif : accueillir 200 000 passagers à l’horizon 2022.
71 000 passagers en 2014, 100 800 en 2017, le double dans quatre ans. L’aéroport remet les gaz et ses dirigeants s’en félicitent. « C’est une augmentation significative de 40% en peu de temps. Nous avions vraiment touché le fond. L’aéroport se porte mieux depuis que nous avons initié notre stratégie de relance », se félicite Didier Prugnières, directeur général du Syndicat mixte de Pierrefonds, propriétaire gestionnaire du site.
De nombreux axes de développement sont envisagés pour que « l’aéroport soit au service du territoire et le territoire au service de l’aéroport, c’est à dire une porte d’entrée touristique et complémentaire à l’aéroport de Roland Garros », selon les termes de Patrick Malet, le président du syndicat. Ce vaste programme se décline en plusieurs axes. Pour Didier Prugnières, c’est carrément un modèle économique à reconstruire, voire même à inventer : « En 1999 le petit aéroport de Pierrefonds avait une typologie de trafic bien spécifique. Jusqu’en 2009, date de l’ouverture de la route des Tamarins, la compagnie Air Austral proposait des navettes de pré et post-acheminement entre Roland Garros et Pierrefonds, ce qui représentait tout de même 93 000 passagers par an.
Avec la nouvelle liaison, la distance entre Saint-Denis et Saint-Pierre s’est considérablement amoindrie. Ces navettes ont été stoppées, le trafic a considérablement chuté et les compagnies aériennes ont concentré leur offre sur Roland Garros. Il y a eu une conjonction de paramètres défavorables. A l’époque le baril était cher, les compagnies ont donc cherché à proposer des gros porteurs et à optimiser leur remplissage ».
La carte de la proximité
La carte de la proximité
A la différence de Gillot, l’aéroport de Pierrefonds, par sa taille et son accessibilité, a une carte à jouer au niveau de la proximité. « C’est un véritable atout sur lequel nous devons capitaliser, estime le directeur général du syndicat. C’est l’offre de transport la plus pratique et la plus facile pour un habitant de l’Ouest et du Sud ». A l’heure actuelle, trois compagnies officient sur Pierrefonds, Air Austral et Air Mauritius qui desservent l’île Maurice et l’île Rodrigues pour la première, et Madagasikara Airways qui propose des vols vers l’île Sainte-Marie depuis août 2016. Pour dynamiser le trafic, un contrat d’objectifs a été signé avec Air Mauritius avec un programme de 14 vols par semaine entre Pierrefonds et Plaisance.
Attirer une clientèle internationale constitue un enjeu capital alors que Maurice reçoit la visite de 1,5 million de touristes par an. « Nous mettons en place des actions communes de promotion en proposant aux touristes une extension de leur séjour à La Réunion. Nous travaillons avec l’île Maurice, les offices de tourisme du Sud et des tours opérateurs partenaires d’Air Mauritius qui proposent ce produit en Chine, en Afrique du Sud, en Allemagne etc. Pour Air Mauritius, c’est une manière de vendre leur marque », détaille Didier Prugnières. Cette action a permis de faire grimper le nombre de sièges de 40 000 à 100 000 en un an, avec un taux de remplissage de 65%.
Le développement du fret
Le développement du fret
C’est le second axe du plan de relance, et non des moindres. Ces deux dernières années, les études ont montré la pertinence et l’intérêt de ce projet d’envergure, avec un potentiel encore plus fort sur l’exportation, selon Didier Prugnières. « Les principaux lieux de production agricole sont dans le Sud. Nous nous assurons actuellement que l’ensemble des acteurs puissent s’entendre et s’engager. Avec la plateforme de Logistisud, nous avons un vrai outil à notre disposition. Le cheminement est déjà tracé avec du fret embarqué et débarqué depuis le pôle logistique. L’objectif serait de pouvoir atteindre 4 000 à 5 000 tonnes par an, tous flux confondus ».
Pour y parvenir, l’aéroport doit s’équiper de matériel GSE (Ground Support Equipment), c’est-à-dire de tout l’environnement indispensable pour accueillir des gros porteurs et traiter ce type d’avions (plateforme élévatrice loader, tracteur push...). Le syndicat a un appel à projets en cours pour un coût d’un million d’euros et espère pouvoir accueillir du fret dès 2019. Au total, sur la période 2018-2019, 4,5 millions d’euros vont être investis dans l’acquisition de matériels d’assistance en escale, la réalisation d’un hangar de mise à l’abri des matériels GSE, d’une zone de stockage et l’achat d’un camion avitailleur.
Pierrefonds, «aéroport VIP»
Pierrefonds, «aéroport VIP»
Récemment, 15 millionnaires américains ont fait le tour du monde à bord d’un Boeing 737. Et tout naturellement... ils ont fait escale à La Réunion, profitant d’un hébergement haut de gamme, de sites touristiques grandioses, d’un survol de l’île en hélicoptère, et d’un aéroport presque rien que pour eux. A l’instar de l’île Maurice qui accueille 300 à 350 jets privés par an, Pierrefonds souhaite se positionner comme porte d’entrée de l’aviation privée de haute contribution. Une façon également de faire rayonner La Réunion à l’international, sur une dimension haut de gamme.
Enfin, le syndicat mixte souhaite accompagner le développement de l’aviation de loisirs, avec les compagnies d’hélicoptère et d’ULM. Deux hangars sont en construction pour les sociétés Corail Hélicoptères et Mafate Hélicoptères et un troisième opérateur s’installera prochainement. Quant à l’activité ULM proposée par cinq compagnies, elle croît de manière exponentielle, en particulier le survol de l’île, considéré comme incontournable et bien plus abordable financièrement.
Surfer sur la croissance du marché
Surfer sur la croissance du marché
2 500 vols commerciaux et 33 500 vols de loisirs traversent le ciel de Pierrefonds chaque année. Dans sa phase de reconstruction, l’aéroport de Pierrefonds (65 salariés pour 8 corps de métiers), entrevoit l’avenir avec optimisme et ambition. Il se positionne comme un aéroport de proximité, à dimension humaine, avec une offre différenciée et la volonté de capter une clientèle internationale. « 80% des passagers sont Réunionnais aujourd’hui, 20% viennent de l’extérieur, le défi est donc immense », indique Didier Prugnières, directeur général du Syndicat mixte de Pierrefonds.
Par ailleurs, l’aéroport du Sud réalise 20 à 22% du trafic Réunion-Maurice, c’est dire la marge de progression encore possible, sur une zone de chalandise de plus de 300 000 habitants. Objectif : atteindre 50% de ce trafic très saisonnier, en proposant aux compagnies davantage de souplesse pour leur permettre de gérer les pics d’activité pendant les vacances scolaires.